• Prix François Bourdon – GALVEZ-BEHAR Gabriel, pour son ouvrage Posséder la science. La propriété scientifique au temps du capitalisme industriel, Editions EHESS, 335 p.

Dès le XIXe siècle, la contribution des savants au développement de la société industrielle et l’institutionnalisation de l’activité scientifique créent les bases d’un rapport complexe entre science et capitalisme.
Dès lors que les résultats de la recherche créent de la valeur, se pose la question de l’appropriation des profits économiques suscités par les avancées de la science. Gabriel Galvez-Behar relate l’émergence et l’essor de la propriété scientifique, un concept forgé sur le modèle de la propriété intellectuelle pour permettre aux savants de contrôler les fruits de leurs découvertes. S’appuyant sur une analyse comparative centrée sur la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, il en éclaire les évolutions de la fin du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et l’impact qu’a cette
problématique sur l’organisation de la recherche aujourd’hui.

  • Prix Jeune chercheur : MAINIERI Romain pour son mémoire, Une Ville et ses Fumées. Penser et représenter la pollution de l’air au Creusot, mémoire de Master 1, Université de Bourgogne, UFR Sciences Humaines et Sociales, département d’histoire, 171 p.

De 1836 à 1939, les usines Schneider du Creusot utilisent de nombreux procédés techniques rejetant des fumées et des gaz polluants. Non circonscrits aux établissements industriels, les rejets atmosphériques se
propagent dans les quartiers d’habitations donnant à la ville une situation hygiénique insalubre. Pourtant, les fumées de ce colosse industriel ne provoquent que peu de plaintes de la part des habitants ; ce sont davantage
les observateurs extérieurs à la ville qui vont les décrire, les penser et les représenter de multiples manières. Les représentations des fumées de cette ville-usine évoluent en fonction des contextes économiques, politiques et sociaux tant du Creusot que de la France, passant d’un véritable culte des fumées à la prolifération de critiques.

  • Mention spéciale du jury : GRASSER Pierre pour sa thèse, Les coopérations franco-russes dans l’industrie aéronautique, de 1908 à 2014, thèse de doctorat en histoire des relations internationales et de l’Europe en Ecole Doctorale 20, Laboratoire de recherche SIRICE, Université Sorbonne université, 625 p.

Depuis ses débuts, entre 1890 et 1906, la construction aéronautique n’a de cesse d’être considérée comme un pinacle technologique, aux spécificités convoitées par toute puissance industrielle. Pionnières en ce secteur,
France et Russie ont depuis 1908 trouvé intérêt à s’entraider sur ce domaine. Ils n’ont jamais connu d’interruption durable. Par l’appui français, la Russie a pu construire les avions nécessaires pour affronter
l’Allemagne de la Première Guerre mondiale. Vingt ans plus tard, face au Reich, il n’y a que peu d’appareils soviétiques à voler sans moteur d’origine française. Aujourd’hui, les Airbus A380 et A350 atterrissent sur des
trains d’atterrissage en titane, façonnés dans l’Oural. Les deux pays n’ont pourtant été qu’épisodiquement des alliés politiques. C’est l’addition de phénomènes de techno-diplomatie qui a permis de faire de l’industrie
française le partenaire durable de sa consoeur russe. L’accessibilité des sources russes, mais aussi françaises, permet aujourd’hui à l’historien de proposer sa grille d’analyse sur les événements ainsi que sur leurs
mécanismes.